Bel-Ami de Maupassant - Mini-chronique

Les classiques demeurent contemporains pour l’éternité, preuve que si les temps et les mentalités évoluent, la nature humaine, elle, ne change pas.

Quand on est un jeune arriviste, amoral, manipulateur et fauché, il n’y a pas cinquante solutions qui s’offrent à nous pour grimper haut et vite dans la hiérarchie du pouvoir. Alors Bel Ami utilise les femmes, spolie les héritages, complote contre ceux qu’il veut remplacer et écrase les amis qui jadis l’ont appuyé.  La fin justifie les moyens. Que la compassion et l’empathie aillent se faire voir ! Les femmes se battent pour son cœur, lui n’en a pas.

Un jeune inconnu, sorti de nulle part, qui connaît une ascension fulgurante en s’attirant les faveurs de femmes (parfois) plus vieilles et plus influentes que lui, est un scénario on ne peut plus d’actualité dans notre pays. Mais comme dirait l’autre : toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.

Le fond est classique et drôle, la forme jouissive et fluide. Quel plaisir de (re)découvrir ce vocabulaire argotique et grossier d’autre fois que Maupassant distille avec justesse tout au long de son récit. Des expressions et des mots qui revêtent aujourd’hui un caractère naïf et poétique, presque touchant.

Se pocharder, boulevardier, cocotte, fille de demi-choix, folâtre, rastaquouère, rôdeuse…

Et cette façon délicate d’exprimer à une femme son désir de lui faire l’amour : 
« Quand pourrai-je vous voir bien seule pour vous dire comme je vous aime ? »   

Facile à lire, drôle et moderne, Bel Ami est le roman idéal pour renouer en douceur avec la littérature française du 19ème.

Découvrez mon premier roman : L'Amour, c'est pour les cons

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Ecriture de Stephen King - Chronique



Quel aspirant écrivain n’a jamais entendu parler d’Ecriture (On Writing), le fameux essai de Stephen King dans lequel il entreprend de nous livrer ses conseils d’écriture inspirés de son expérience de romancier à succès ? Sans doute aucun, et si c’était votre cas, ça ne l’est plus depuis dix secondes. 

Même si beaucoup le savent déjà, commençons par remettre les pendules à l’heure : ce livre est loin d’être un simple guide dédié aux techniques d’écriture, mais il est surtout une courte et sélective autobiographie du King. Une bonne moitié du contenu, si ce n’est pas plus, Stephen le consacre à nous y raconter sa vie. Pas raconter sa vie au sens discussions stériles de bureau autour du café du lundi matin, non bien sûr. D’une part, parce qu’il a essayé de rapporter les évènements qui ont façonné et influencé son style, sa carrière et sa façon de travailler, et d’une autre, parce qu’il est toujours intéressant de découvrir la vie d’un homme parti de rien, ou presque, et qui finit par atteindre le sommet à force de persévérance. Et puis, pour les fans, c’est juste un plaisir de s’immiscer dans l’intimité de l’écrivain. Pour ma part, je ne suis pas un fan de l’auteur au sens premier, mais je l’apprécie. J’aime notamment son sens de l’humour sarcastique et ses pics sortis de nulle part qu’il balance quand on ne s’y attend pas.

Mais revenons à ce qui nous triture : les conseils de Stephen King vont-ils me permettre d’écrire un roman parfait ou un best-seller mondial ? Je vais briser vos rêves, mais la réponse est, bien entendue, non. Et comme moi, vous le saviez déjà, même s’il faut bien avouer que l’on est tous un peu les mêmes et que l’on espère secrètement tomber sur la formule magique… qui n’existe pas.

Je ne vais pas vous énumérer les conseils que l’auteur prodigue parce que ce n’est pas le propos ici et aussi, parce que des dizaines de blogs l’ont déjà fait avec talent et de façon hyper condensé et pratique. Par contre, je vais une nouvelle fois vous décevoir et peut-être vous paraître suffisant, mais je n’ai pas débusqué, ou si peu, d’astuces ou de conseils inédits. Je ne me souviens pas m’être dit au cours de ma lecture : « Mais bon sang, c’est vrai, pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? » ou « Ah, tiens, celle-là, je ne l’avais jamais entendue ! »

Je vous rassure, ce n’est pas Stephen King qu’il faut blâmer (et si j’osais le faire, je risquerai de prendre très cher). D’ailleurs, je n’ai pas du tout envie de le faire. Je ne suis pas l’un de ces petits cons hérétiques et délétères dont la bave éclabousse à tout va créations, posts et discussions. Non, si je n’ai rien appris de radicalement nouveau, c’est tout simplement parce que, comme vous, j’imagine, j’avais au préalable déjà lu des dizaines et des dizaines d’articles consacrés à l’écriture, des interview d’auteurs à succès ou débutant, des TOP 10 des meilleurs conseils de machin et machine, etc. Il est d’ailleurs fort probable que beaucoup de ces articles aient puisé leur contenu dans le livre de Stephen King. Rendons  à César…

Cela dit, si vous débutez dans l’écriture et que vous ne vous êtes encore jamais penché sur les nombreuses techniques et astuces qui peuvent vous permettre de progresser, alors vous pouvez lire ce livre et être certain d’y déceler des tas de précieuses informations. A souligner que ce n’est pas parce que l’on connaît une technique qu’on la maîtrise (je parle pour moi notamment). Savoir une chose, c’est bien, la maîtriser en est une autre.

Autre élément qui me semble d’importance, Stephen King a débuté dans le métier en rédigeant des nouvelles et il insiste beaucoup sur cette période de sa vie et son aspect « marketing », à savoir toutes les démarches qu’il a dû entreprendre pour parvenir enfin à faire publier ses histoires. Le souci est qu’il nous plonge dans une époque où les magazines pullulaient dans les kiosques et où ces derniers consacraient une place prépondérante aux nouvelles d’auteurs, confirmés ou débutant.  Aujourd’hui, cette presse a disparu ou en tout cas, ne publie plus de nouvelles. Ses conseils ne sont donc plus d’actualité et nous foutent plutôt un coup de blues sur cette période révolue que l’on aurait bien aimé connaître, pour le plaisir et le challenge. Vous allez me dire, aujourd’hui il y a (quelques) blogs sur lesquels on peut publier ses nouvelles, mais soyons honnête, c’est autre chose que d’être publié par un magazine de renom tiré à des dizaines ou centaines de milliers d’exemplaires et qui de surcroît vous paye pour ça. D’un autre côté, il n’y avait pas KDP dans le temps, alors ne larmoyons pas trop.

Bon, je ne vais pas vous pondre une chronique de 12 pages et m’en vais donc la conclure. Pour résumer :

Faut-il lire Ecriture de Stephen King ?

Oui, si j’écris ou projette d’écrire et que je n’ai pas ou peu lu de conseils d’écriture.
Oui, si j’ai déjà lu des tonnes de conseils sur l’écriture, mais que j’ai besoin d’une piqûre de rappel, ce qui ne fait de mal à personne.
Oui, si je n’écris pas ou que j’ai déjà pas mal de connaissance sur le sujet, mais que, très important, je suis un(e) grand(e) fan de l’auteur.
Non, si j’ai déjà lu des centaines d’articles traitant de ce sujet et que cerise sur le gâteau, je déteste Stephen King.

Le mot de la fin : j’ai pris du plaisir à lire ce livre, même si je n’y ai pas découvert le conseil ultime que, naïvement, j’espérai. 

Autre mot de la fin : je l’ai lu sur ma Kindle (moins de 4 €, un prix très correct et rare pour le bouquin d’un auteur de cet acabit). Cependant, je vous conseille plutôt de vous procurer la version papier, car une partie importante du livre consiste en la lecture, puis la correction d’un long passage, que Stephen barre et rature à la main. Il est nécessaire de comparer les deux versions au fur et à mesure des corrections pour bien percuter et je ne vais pas vous apprendre qu’il est impossible de faire des allers retours de plusieurs pages sur une liseuse sans devenir cinglé.

Pour finir (oui, je sais, j’abuse des rebondissements), je vous propose quelques phrases récoltées au fil de ma lecture et que j’ai trouvées intéressantes ou marrantes. Sur ce, je pose la plume pour de bon ;)

Enlevez tout mot inutile.



Quand on écrit une histoire, on se la raconte. Quand on se relit, le gros du travail consiste à  enlever ce qui ne fait pas partie de l'histoire.



Bien sûr, s'exprimer fait partie du jeu de la séduction sinon, pourquoi tant de couples qui commencent la soirée au restaurant la termineraient-ils au lit ?



Que pourrait-il y avoir de plus encourageant, pour l'écrivain en herbe, que de se rendre compte que son travail est sans conteste meilleur que celui de quelqu'un qui a été payé pour le sien ?



Si vous n'avez pas le temps de lire, vous n'avez pas celui d'écrire.



Je considère néanmoins que le premier jet d'un livre, même long, ne devrait pas prendre plus de trois mois, la durée d'une saison.



Une description commence dans l'imagination de l'écrivain et doit s'achever dans celle du lecteur.



Ne jamais expliquer quelque chose que l'on peut montrer.



Ce qui compte est de laisser chaque personnage s'exprimer librement, sans s'occuper de ce qu'en pensent les gens bien-pensants ou les dames de la paroisse.



La bonne fiction part toujours d'une histoire et progresse vers son thème.  Elle ne part presque jamais du thème pour aboutir à l'histoire.



Prenez tous ces messages, toutes ces leçons morales et collez-vous-les là où le soleil ne brille jamais, d'accord ?



Quelqu’un, impossible de me rappeler qui, a écrit un jour que les romans sont tous, sans exception, des lettres adressées à une personne précise. Il se trouve que je le crois aussi. Je pense que tout romancier a un unique lecteur idéal, qu'aux différents stades de la composition de son ouvrage, il se dit : Je me demande ce qu'il en penserait, s'il le lisait ?



En fin de compte, écrire revient à  enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages, mais aussi à  enrichir votre propre vie.


Je veux écrire mais je n'ai pas d'inspiration


Il n’est pas nécessaire de trouver le scénario de malade auquel personne n’a jamais songé et que les réalisateurs d’Hollywood s’empresseront d’adapter en trilogie en vous soudoyant à coup de millions. D’une part, il faut bien comprendre que 99% des histoires ont déjà été écrites par quelqu’un, quelque part, à une époque ou sur une autre planète. La façon dont vous racontez votre histoire (style, point de vue, narration, personnages…) est plus importante que l’histoire en elle-même. Vous croyez que les histoires de vampires et de loups garous ont été inventées par Stephanie Meyer ?  Pensez-vous que Fifty Shades of Grey est la première histoire de cul couchée sur papier ? Queue nenni !

Vous n’avez pas d’idée et cela vous empêche de vous lancer ? Je vais être dur : votre excuse est bidon et irrecevable. Le meilleur conseil que je puisse vous donner si vous ne savez pas quoi écrire : écrivez ! Vous croyez que je me fous de votre gueule ? Et bien non, même si vous le méritez ! Racontez votre journée, même s’il elle n’est pas bien palpitante et qu’elle se limite à un métro, boulot, dodo, décrivez ce que vous voyez autour de vous si vous êtes à une terrasse de café, énumérez les traits de caractère et les habitudes de vos collègues de bureau, repensez à vos dernières vacances, à votre chien, faites une critique du dernier livre que vous avez lu ou du dernier film que vous avez vu. Alors, vous ne savez toujours pas quoi écrire ? Si c’est le cas, un conseil : passez au tricot ou à la collection de timbres.   

Mais, me diriez-vous, je ne veux pas écrire un roman sur mes collègues de bureau ou mes congés à Porto-Vecchio ! Et vous avez raison, il ne s’agit pas de cela, mais de commencer à écrire quelque chose. Vous connaissez le proverbe l’appétit vient en mangeant ? L’écriture doit être une habitude, une gymnastique, comme le jogger enfile son short et sort, sortez votre stylo et grattez.

Et puis finalement, je reviens sur ce que j’ai dit. Pourquoi ne pas écrire un roman qui s’inspire de votre quotidien ? Imaginons : tous les matins, vous montez dans votre TER ou votre tram pour aller travailler. Chaque jour, vous êtes assis à la même place et chaque jour vous observez une jolie maison. Cette maison, vous la connaissez par cœur, vous avez même donné un nom à ses occupants que vous apercevez derrière la vitre : Jean-Luc et Christiane. Un couple que vous imaginez parfait, heureux. Mais un matin, vous découvrez un autre homme que Jean-Luc à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Christiane tromperait-elle son mari ? Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur que vous découvrez la photo de Christiane à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Jacqueline Michaux, a mystérieusement disparu...

Vous l’avez compris, je viens de copier-coller le synopsis de La Fille du Train, le best-seller mondial de Paula Hawkins, car la vérité est que l’immense majorité des scénarios partent d’un fait banal, d’une journée plan-plan et routinière, d’une discussion anodine. Plantez-vous devant une feuille ou devant votre ordi et remémorez-vous votre journée type : vous prenez le métro à Châtelet, vous descendez à la Défense, vous pénétrez dans la tour numéro 6, dites bonjour à des gens et rentrez dans votre bureau. Et là, tout part en vrille : à votre bureau, un inconnu. Vos collègues ne vous reconnaissent pas et vous questionnent : qu’est-ce que vous faites ici, Madame, on peut vous renseigner ? Vous croyez à une blague et ne tenez pas compte de leurs remarques, mais la sécurité arrive et vous fout dehors. Votre badge est désactivé, personne ne connaît votre nom à l’accueil. Vous retournez chez vous et votre chien vous attaque… Etc, etc…

On récapitule : vous partez d’une situation classique que vous vivez chaque jour, vous l’écrivez ou la visionnez. Puis d’un coup, vous ajoutez un évènement perturbateur, inattendu, fantastique ou violent (je suis dans un avion et il fait demi-tour, je commande un Snickers au distributeur et il me tombe un sachet de cocaïne, je regarde ma série préférée et je suis projeté à l’intérieur, mon mari a changé de visage au réveil…). Voilà, vous l’avez votre scénario. La trame de votre roman sera de savoir comment le héros va découvrir ce qu’il s’est passé et réussir à revenir à l’état de normalité. Classique, c’est la base de toute histoire.

Allez, au boulot, dans moins de 15 minutes, vous aurez votre scénario, c’est une certitude. Et si au bout de quelques heures ou jours il ne vous plaît plus, effacez tout et prenez en un autre ! Le plus dur est fait : vous avez commencé à écrire…


La Saint Valentin, c'est pour les cons !

Ils avaient convenu de ne rien s’offrir. Surtout elle, en fin de compte, c’était son idée. Alors lui, il ne lui a rien acheté. Sauf qu’elle, elle lui a quand même offert quelque chose. Le pacte était brisé.

Steve est embarrassé, flaire le drame arriver. Tout sourire, Candie lui a tendu un paquet de la taille d’un livre, enrobé d’un papier cadeau rouge comme l’amour. Il l’ouvre et découvre… un bouquin. Quelle surprise ! Comble de l’angoisse, il y a une petite carte toute mignonne, la photo de deux chatons, au dos de laquelle la jeune femme a écrit : « Je t’aime mon Valentin ». Candie sourit, Steve se crispe. Dans sa tête, les idées se télescopent, les neurones paniquent. Il sait ce qu’elle aimerait entendre : « Merci ma chérie ! Attends, je vais te chercher ton cadeau ». Il sait aussi ce qu’il va lui dire : « Merci, mais… on n’avait pas dit qu’on ne s’offrait rien, non ? Je suis désolé, mais je ne t’ai rien acheté ».

Elle fera semblant de ne pas être vexée, mais en elle va bouillir, à feu doux, puis déborder et lui exploser à la gueule, profiter de cet incident pour lui cracher tout ce qui ne va pas dans leur couple, tout ce qu’elle pourra lui reprocher : égoïsme, manque d’attention, PlayStation et Ligue des Champions. Et sa tendance à trop picoler, sur ce sujet, elle ne va pas le rater. Steve le sait et n’ose réagir. Il a la sensation d’avoir ouvert son cadeau depuis une bonne heure alors que ça ne fait que quelques secondes en réalité. Le temps se fige, il frôle un début de tachycardie.

Steve feuillette son livre, relit la carte, répète un merci, gagne du temps.

Dans le fond, il le sait bien, tout n’est plus si rose entre eux. A peine 1 an qu’ils se fréquentent et pourtant, il sent que quelque chose a disparu… ou est apparu. Les projets comme la passion se sont estompés, le missionnaire a pris le dessus sur la levrette, les menaces sur les promesses, la télé sur la tendresse. Est-ce que je l’aime encore ? se surprend-il à penser avant de culpabiliser dans la foulée, honteux.  

Trente secondes à peine sont passées. Steve n’a encore lâché aucune information à Candie quant à la tournure qu’il allait donner à cette foutue Saint-Valentin. Dans les yeux de sa douce, il lit l’espoir et la sensualité. Sur ses lèvres à lui, se lisent l’incertitude et l’angoisse. Il se replonge dans son livre, feignant un intérêt grandissant.

Règle n°1 : quand une femme dit « je ne veux rien » ou « on se fait pas de cadeau », ça veut dire : « Si tu m’en fais pas un, t’es un homme mort ! » Punaise, mais tout le monde sait ça, merde ! C’est un test ! Quel imbécile je fais !

Steve repense à Noël, se dit que la vie est injuste quand on est un homme. Il avait acheté à Candie une superbe montre. Elle coûtait un bras, mais rien n’est trop beau pour le poignet de l’être aimé. Sauf qu’une fois déballée et un bonheur feint comme sa taille, Candie avait fini par lui avouer que bof, ce n’était pas son style. « Trop vulgaire »… soi-disant. Ce soir-là, il avait hésité entre se pendre ou l’immoler.  

Règle n°2 : les femmes adorent les surprises… à condition de pouvoir les choisir.  

Bretzel, le petit bulldog noir de Candie, s’approche du couple et lève son regard triste en direction de Steve. Un timide soleil frappe aux carreaux, le jeune homme sans mot dire se dirige vers le frigo et attrape une bière.

    Bon…
    Bon… répond-il avec mimétisme. Pour tout dire, je n’ai rien…

« STRASBOURG, TERMINUS DE CE TRAIN ». Steve se réveille brutalement, le dos cassé en deux, des fourmis dans la main et le côté gauche du front ventousé sur la fenêtre. La moitié du wagon est debout et s’agite, le couloir sature. Il est 18h. Zombifié, il s’extirpe du TGV, allume une cigarette au goût infecte, sort de la gare et se dirige vers les boutiques du centre-ville. Petit budget, guère d’idée et tout va bientôt fermer. Une boite de chocolats et un bouquet de roses rouges feront l’affaire. Classique mais imparable. Allez zou, à la maison !

Candie est là, il l’embrasse et lui tend les fleurs, puis les sucreries. Pourtant, ils avaient convenu de ne rien s’offrir. Surtout lui, en fin de compte, c’était son idée. Alors elle, elle ne lui a rien acheté. Sauf que lui, il lui a quand même offert quelque chose. Le pacte était brisé.

Candie est embarrassée, flaire le drame arriver.



Le couple est-il mort ?

La junk-food a conquis nos enfants, nos rues et nos estomacs. Ne pouvant se contenter de bouleverser nos habitudes culinaires, la garce a enfanté son lot d’obésité, de diabète et de cancer. A qui la faute ? A nous, pardi ! Personne ne nous pose un gun sur la tempe quand on franchi les portes du KFC, à ce que je sache !

La fainéantise, le je-m’en-foutisme et cette manie stérile à toujours être pressé (mais après quoi courent-ils nom de Dieu, il y a un métro toutes les minutes !) ont eu raison des plus faibles, terrassés par leur addiction au gras et au sucre de synthèse. Je choisis vite, mange vite et passe au fast-food suivant ! Notre amour passionnel pour la cuisine s’est transformé en histoire de cul sordide. 
Alors forcément, quand on prend l’habitude de nexter la bouffe, on finit par reproduire le même schéma avec les êtres humains. Vous en avez rêvé, Tinder l’a fait :
Je te veux, je te baise, je te jette… SUIVANT ! Un outil formidable, plus performant que le MCDO, car on peut commander en ligne et se faire livrer. Et plus la peine de ramener son plateau, il dégage de lui-même.

Comment de pareilles applications ont-elles pu en moins de 10 ans s’imposer comme la norme ? La facilité, la peur du rejet et l’insatiabilité nous fournissent sans doute un début d’explication. Et puis il faut dire aussi que la drague n’a plus trop la côte ces temps-ci, entre les balance ton porc, le féminisme exacerbé et la chasse à l’homme généralisée… l’homme moderne se dit qu’il est sans doute plus raisonnable de se cantonner à des branlettes devant son ordi ou de devenir pédé s’il veut éviter le lynchage programmé. Je caricature, évidemment, mais le temps nous a souvent montré que la caricature devenait un jour la norme. Alors, méfie !

Les femmes sont paradoxales quand même ! Elles se plaignent que les hommes n’osent plus les aborder, mais quand ça leur arrive, elles les envoient chier. Du coup, les hommes timides abandonnent la drague dans le monde réel tandis que les plus téméraires se bourrent d’abord la gueule avant de partir à l’abordage (et ce n’est pas toujours beau à voir).  Au final, la rue est laissée aux relous, aux cas-sociaux et aux potentiels violeurs. Toutefois, il ne s’agit pas de jeter la pierre aux femmes qui, dans leur grande majorité, n’adhèrent pas à cette mise à mort programmée du mâl(e) occidentalisé. S’il fallait en jeter une, ce serait sur celles et ceux qui leur martèlent le cerveau qu’un homme est un prédateur avant d’être un amant ou un protecteur (au sens noble du terme, on ne parle pas de proxénète #balancetonparano).

Résultat des courses, tout le monde se retrouve sur une appli de merde à la recherche de l’amou… heu, du match de sa vie ! Vous vous rendez compte que j’ai fait connaissance avec ma voisine sur Adopte alors qu’on se croisait tous les matins avec le sourire, mais sans oser le dépasser ? Bref… Il y a quelques années, seuls les puceaux et les pervers allaient sur ces sites de rencontres. C’était honteux et l’on s’en cachait. Aujourd’hui, tout le monde scroll son appli à la terrasse des cafés, étalant ses conquêtes numériques à la vue de tous ses potes. Les temps changent, comme disait Solaar.

Trop de choix, de possibilités, l’illusion de l’infini. Et cette facilité de larguer. Avant, il fallait affronter la personne en face-à-face ou du moins, lui téléphoner. Aujourd’hui, un SMS ou un Snap suffit. Et encore, certains rompent par le silence radio. Cruel mais tellement efficace !

Mais ne blâmons pas trop les sites de rencontres, qui, après tout, ne sont que la réponse capitaliste à une détresse… capitaliste. Car si la drague physique devient de plus en plus marginale, ce genre d’application matche aussi parfaitement avec ce nouvel état d’esprit qui voudrait que le bonheur individuel soit incompatible avec le bonheur à deux ou à trois, voire supérieur à lui. Le célibat n’est plus une tare ou un handicap, mais un privilège, un choix, un mode de vie assumé !

L’homme (la femme) est égoïste, individualiste, consumériste et capricieux. Il veut regarder SA série, SON match de foot, manger ce qu’IL a choisi, acheter ce qui LUI chante et baiser avec qui bon LUI semble. Et faut pas que ça traîne ! Toute opposition sera éliminée sans sommation. NEXT ! Le couple traditionnel est devenu synonyme de contrainte, de sacrifice et de concession dans un monde où plus personne ne veut en faire ou en subir. Le couple traditionnel est en phase terminal, plus personne ne le conteste. Mais qui va le remplacer : le couple numérique, dématérialisé ? Le couple à la carte ? Le couple-minute, sur place ou à emporter ? Ou rien du tout ?

En attendant que les cartes se redessinent, la junk-love a de beaux jours devant elle.

Bel-Ami de Maupassant - Mini-chronique

Les classiques demeurent contemporains pour l’éternité, preuve que si les temps et les mentalités évoluent, la nature humaine, elle, ne cha...